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juillet 2017
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AEMJP
Simone Veil (1927-2017)
Le monde a perdu l’une des figures politiques les plus charismatiques du xxe siècle, Simone Veil. Depuis la création de l’Association Européenne du Musée de l’Histoire des Juifs de Pologne, elle en était Présidente d’Honneur.
Sa vie, après des mois passés à Auschwitz-Birkenau, a été consacrée à une tâche unique : tout faire pour que de tels événements ne se répètent pas. Elle a commencé à travailler pour le Ministère de la Justice, améliorant notamment les conditions de vie des détenues. En tant que Ministre de la Santé, tout en représentant un parti de droite, elle a porté le projet de la dépénalisation de l’avortement en France jusqu’au vote de la loi en 1975. Européenne convaincue, elle est devenue plus tard Présidente du Parlement Européen (1979-1982) et est restée jusqu’à la fin de sa vie parmi les personnalités préférées des Français.
Collaboration entre l’AEMJP et le Beit Hatfutsot
L’Association Européenne du Musée de l’Histoire des Juifs de Pologne POLIN (AEMJP), conjointement avec Beit Hatfutsot – le Musée du Peuple Juif à Tel Aviv, a eu le plaisir de proposer l’unique projection en Israël du documentaire célèbre retraçant les destins de quelques personnes se trouvant parmi plus de 15 000 Juifs qui ont dû quitter la Pologne en mars 1968 : « Gdanski Railway Station » (Dworzec Gdanski). Le film, écrit Teresa Torańska et réalisé par Maria Zmarz-Kozanowicz, a été montré à Tel Aviv, au Beit Hatfutsot, le 4 juin 2017.
Cette projection anticipe l’ouverture en mars 2018, au Musée de l’Histoire des Juifs de Pologne POLIN à Varsovie, d’une exposition sans précédent sur les événements de mars 1968 : Estranged. March ’68 and Its Aftermath (Relégués. Mars 68 et ses suites). Cette exposition sera le premier événement à cette échelle, organisé par une institution soutenue par l’Etat polonais, qui laisse espérer un projet d’une véritable reconnaissance des torts infligés par l’Etat lui-même aux Juifs polonais, dans cette période autour de mars 1968. Outre l’exposition, le projet est accompagné de programmes de recherche, conférences, et campagnes d’éducation.
Rejoignez l’AEMJP dans ses efforts pour soutenir cette exposition. Devenez un donateur en cliquant ici.
Les photos de l’événement au Beit Hatfutsot à Tel Aviv sont maintenant disponibles en ligne.
Musée Polin
Colloque : « Mars 1968. 50 ans plus tard ». 13-15 mars 2018.
À l’occasion du 50e anniversaire de mars 68, le Musée POLIN de l’Histoire des Juifs polonais, l’Institut d’histoire et l’Institut de sociologie de l’Université de Varsovie vous invitent à une conférence interdisciplinaire.
En mars 1968, les manifestations étudiantes contre les politiques de l’administration communiste ont rapidement débouché en une rébellion de masse de la jeunesse. Le régime a répondu avec des répressions brutales et une campagne de propagande antisémite qui a déclenché des purges dans l’appareil du Parti unique. Les événements de mars 68 a conduit à une émigration forcée d’au moins 13 000 Juifs polonais.
Pour en savoir plus, cliquez ici.
Emanuel Ringelblum et Oneg Shabbat – une exposition permanente en novembre 2017
Les Archives Ringelblum ainsi que les membres d’une équipe clandestine Oneg Shabbat (Joie du Shabbat) qui les ont rassemblées, seront bientôt au centre d’une exposition permanente à l’Institut historique juif à Varsovie. L’exposition est actuellement en cours de réalisation sous la direction du professeur Paweł Śpiewak, directeur de l’Institut. La valeur exceptionnelle de ces archives a été reconnue par l’UNESCO, qui les a inscrit les Archives Ringelblum dans le registre Mémoire du monde. L’inauguration de l’exposition est prévue en novembre 2017.
L’AEMJP continue de recueillir des fonds pour l’Association de l’Institut historique juif, en finançant la création de l’exposition.
Reconnaissance internationale pour l’exposition Frank Stella et les Synagogues historiques
L’exposition temporaire Frank Stella et les Synagogues historiques de Pologne a été classée parmi 15 meilleures expositions d’art au monde en 2016 par le magazine américain d’art Hyperallergic. Publié en ligne, le magazine compte 70 000 abonnés. Le musée POLIN a présenté des œuvres de la série Polka Village de Frank Stella, chacune portant le nom d’une ville polonaise. Le travail de Stella a été montré avec des photographies d’avant-guerre et des dessins architecturaux.
Ivanka Trump au Musée POLIN
Plus qu’un Musée
Le Musée Polin a célébré la Journée Mondiale des Réfugiés (20 juin) avec une série d’événements:
- Un séminaire « Réfugiés et migrants dans l’espace urbain » a été organisé par le Musée Polin et la Fondation Ocalenie le 23 juin 2017. Les questions posées lors du séminaire étaient : « Comment parler de réfugiés et de migrants? Comment entendre leurs voix? Quels types d’activités éducatives et culturelles devraient être organisées pour eux et quelles erreurs devraient être évitées ? »
- Un événement de deux jours intitulé “Sur les réfugiés – atelier anti-discriminatoire pour les adultes” a également été organisé par le Musée Polin les 24 et 25 juin. Il a permis de penser aux stéréotypes et aux préjugés relatifs aux réfugiés vivant en Pologne.
Échange entre jeunes Israéliens et jeunes Polonais (PIYE)
Établi en 2006, l’échange des jeunes Israélien et Polonais a été le premier projet éducatif du Musée POLIN. PIYE (Polish-Israeli Youth Exchange), qui se fait en collaboration avec l’Université de Tel Aviv, s’adresse aux étudiants des universités polonaises et israéliennes. En décembre 2016, le dixième anniversaire du programme a été célébré dans la résidence de l’Ambassadeur de Pologne en Israël, Jacek Chodorowicz.
Les fondateurs et les donateurs ont également participé : Tomek Ulatowski et Ygal Ozechov, qui, en 2006, se sont adressés au Musée POLIN avec l’idée de ce projet éducatif, qu’ils ont depuis financé. L’anniversaire a réuni aussi des représentants des programmes partenaires du PIYE, Dany Levitan, le professeur Eyal Zisser de l’Université de Tel Aviv, des membres de l’Institut polonais de Tel Aviv, y compris son directeur, Krzysztof Kopytko, ainsi que Tsipy Zeiri, coordinatrice du programme en Israël.
Musée POLIN sur Arte
Le 23 avril 2017, la chaîne de télévision franco-allemande Arte a diffusé un documentaire sur le Musée POLIN : Aventure au Musée / Abenteuer Museum. Museum der Geschichte der polnischen Juden, Warschau. Le film réalisé par Ute Hoffarth, montre à la fois le Musée, ses créateurs et la ville dans laquelle il se situe.

Disponible en ligne en allemand sur youtube – cliquez ici.
Culture et politique polonaises
Musée de la Seconde Guerre mondiale à Gdansk
En mars 2017, le Muzeum II Wojny Światowej (Musée de la Seconde Guerre mondiale) à Gdansk a ouvert ses portes au public. Pour des raisons organisationnelles, l’entrée fût gratuite pendant les premières semaines et des milliers de touristes et de locaux purent visiter l’endroit.
Ce musée lui-même est devenu un projet de plus en plus controversée depuis que le nouveau ministre polonais de la Culture et du Patrimoine national, Piotr Gliniski, a modifié, en 2016, sa structure et son équipe de direction. Les enjeux politiques qui soustendent ces décisions ont été l’objet de nombreux débats, car la mémoire de la Seconde Guerre mondiale que voulait promouvoir l’ancien parti au pouvoir, Plateforme Civique, à l’initiative de ce projet, n’est pas la même que celle du parti conservateur Droit et Justice, au pouvoir depuis 2015.
Déclaration controversée de la Première Ministre polonaise
Le 14 juin, lors d’une cérémonie à Auschwitz, la Première Ministre polonaise Beata Szydlo a fait une déclaration qui a été largement critiquée par ses opposants politiques. Elle a dit que « dans les temps troubles, Auschwitz fournit une leçon formidable que tout doit être fait pour défendre la sécurité et la vie des citoyens d’un pays ». La phrase a été comprise comme défendant la politique anti-migrant du gouvernement nationaliste.
Une porte-parole du gouvernement a déclaré que ces mots avaient été placés hors contexte, toutefois le tweet mettant en évidence la citation a été supprimé depuis. Une interprétation plus généreuse de la phrase maladroite est que Beata Szydlo voulait souligner le fait que tous les citoyens polonais, quelle que soit leur religion, doivent dûment être protégés à tout prix par l’État. Dans une interview faite quelques jours plus tard, Beata Szydlo a insisté sur l’absence de lien entre ses propos à Auschwitz et le problème des migrants.
La vie juive en Pologne
WarszAviv – Le cinéma israélien en Pologne
Il y a 25 ans, les villes Tel-Aviv et Varsovie ont signé un partenariat. Pour célébrer ce quart de siècle d’échanges culturels et commerciaux divers, la Ville de Varsovie et l’Ambassade d’Israël en Pologne ont préparé un festival du film israélien à Varsovie. Il a commencé le 27 juin, et durera jusqu’à la fin du mois d’août.
Pendant l’été, Varsovie devient donc « la capitale du cinéma », et les films israéliens récents font la vedette de ces festivités artistiques. Chaque mardi soir, sur Pole Mokotowskie, les habitants et les touristes pourront admirer Tel Aviv contemporain sur un grand écran.
Festival de la culture juive à Cracovie
Le 27ème festival de la culture juive à Cracovie (24 juin – 2 juillet 2017) a été consacré à Jérusalem. En 1967, après six jours de guerre, Jérusalem fut réunie. Quels sont les effets sociaux, culturels et finalement politiques de cette réunification? Qu’est-ce que Jérusalem signifie pour ceux qui vivent dans cette ville, pour chacun de nous? Quelle est l’histoire et l’actualité de la ville?
Cette semaine de célébrations de la culture juive au centre de Cracovie est un événement unique en Europe. Le festival se termine par un concert impressionnant avec un public de près de 15 000 personnes. L’AEMJP accompagne régulièrement cet événement et, en 2018, nous vous invitons à nous rejoindre lors de notre voyage en Pologne.
Mémoire
L’historien de la Shoah Jan Grabowski au cœur d’une controverse
Dans une lettre publiée en juin, les historiens polonais ont défendu un universitaire canadien Jan Grabowski contre des accusations selon lesquelles sa recherche sur l’Holocauste falsifie l’histoire de la Pologne.
Les historiens du Centre polonais pour la recherche sur l’Holocauste ont critiqué la Ligue polonaise contre la diffamation pour avoir publié une lettre signée par 134 scientifiques condamnant les travaux de Jan Grabowski. Les travaux de cet historient sont consacrés à la participation des Polonais aux crimes commis par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.
Grabowski, fils d’un survivant de l’Holocauste, est professeur d’histoire de l’Holocauste à l’Université d’Ottawa et cofondateur du Centre polonais pour la recherche sur l’Holocauste.
Le livre de Grabowski intitulé Hunt for the Jews: Betrayal and Murder in German-Occupied Poland (La chasse aux Juifs: la trahison et le meurtre dans la Pologne occupée par les Allemands) a reçu en 2014 un prix Yad Vashem. Il s’appuie sur des documents provenant de sources polonaises, juives et allemandes, et se concentre sur les récits de destinées individuelles de Juifs.
Cracovie: Commémoration de filles juives expulsées par les nazis
Une école en Pologne dévoile une plaque commémorant 87 filles juives expulsées en 1939 de leur école à Cracovie.
Cette commémoration, qui a eu lieu le 23 mai 2017, célébrait le 125e anniversaire de la fondation de l’école et fait partie du « nombre croissant d’efforts des enseignants et des enfants pour commémorer les Juifs vivant en Pologne avant la Shoah ».
Un projet de recherche a été inauguré par Yad Vashem à la suite du signalement fait il y a près de deux ans par la principale de l’école, Gabriela Olszowska. Elle a contacté l’Institut Yad Vashem après avoir trouvé des dossiers incluant une liste de noms de filles expulsées.
In Memoriam
Halina Paszkowska (1927-2017)
Halina Paszkowska, une survivante de l’Holocauste et participante à l’insurrection de Varsovie en 1944, est décédée dimanche le 26 mars 2017. Elle était l’épouse de Marian Turski, vice-président de l’Association de l’Institut Historique Juif de Pologne et président du Conseil du Musée POLIN.
Pendant les 55 années de sa carrière, de 1952 à 2007, Halina Paszkowska a participé activement au monde du cinéma polonais. Auteure de la bande sonore de plus de 200 films documentaires et d’une vingtaine de longs métrages. Elle a travaillé avec Andrzej Munk, Roman Polanski, Jerzy Hoffman et bien d’autres. Elle a obtenu le Prix de l’Association des cinéastes polonais pour l’intégralité de ses réalisations artistiques en 2010, et s’est vue décerner la Croix d’Or du Mérite, la Croix de la chevalière de l’Ordre Polonia Restituta.
Ruwen Ogien (1949-2017)
Ruwen Ogien, le philosophe français le plus marquant de sa génération, spécialiste de philosophie morale, est né dans un camp de transition en Allemagne de parents juifs polonais, survivants du Ghetto de Varsovie. Ancien parachutiste de l’IDF à Beer-Sheva, il est décédé après une longue bataille contre le cancer. Il a confronté la maladie dans son dernier livre, Mes mille et une nuits (Grasset, 2017).

C’est une affirmation douteuse au mieux, fausse au pire.
Ruwen Ogien, Mes mille et une nuits, p. 226.
Liza Shevetz, secrétaire de David Ben-Gurion
Liza Shevetz, ancienne secrétaire du Premier ministre israélien David Ben-Gurion, est décédée à l’âge de 103 ans. Née Liza Welbel, Shevetz a étudié au gymnase hébraïque en Pologne et a immigré en Israël en 1938. Elle est devenue secrétaire du chef du Yishuv, Ben-Gurion, qui est finalement devenu le Premier ministre. Elle est restée sa secrétaire jusqu’à sa retraite de la vie politique.